dimanche 5 juin 2016

Cataloguer les habiletés d'un joueur: un projet unique

Max Pacioretty a sa manière propre à lui de dégainer son tir. D'un mouvement sec des poignets, en bougeant à peine les avant-bras pour ne pas donner le moindre indice au gardien.

Les pivots de P.K. Subban sont probablement les plus gracieux de la Ligue nationale.

Jeff Skinner, un ancien patineur artistique, est en mesure de se déplacer dans à peu près tous les axes sans perdre de vitesse.

Aujourd'hui, tous les défenseurs craignent la passe fétiche d'Evgeny Kuznetsov. Le russe aime feindre un wrap-around, avant de déposer la rondelle à contre-sens devant le filet.



Chaque individu est composé d'un bagage d'habiletés qui le rend unique. Mais la plupart du temps, on se contentera de vanter leurs mains, leur coup de patin ou leur tir, sans aller plus loin.  

Ces termes vagues vont uniformiser les descriptions des joueurs en leur accolant des étiquettes toutes simples: passeur, franc-tireur, défenseur défensif...   

Mais il y a bien plus de particularités qui les distinguent.  

99Skills, c'est un projet unique et ambitieux qui vise à cataloguer les joueurs par leurs habiletés spécifiques, en combinant l'analyse visuelle aux statistiques avancées.  

vendredi 3 juin 2016

Les #99Skills de Jake Bean

Bien que l'accent soit désormais mis sur la possession de la rondelle, les défenseurs squelettiques n'ont pas tout à fait la cote dans la ligue nationale. Après une saison du tonnerre dans la ligue de l'Ouest, le gaucher de 170 livres, Jake Bean, est écarté ipso facto du top-10 des diverses agences de recrutement, même s'il a été aussi brillant que Jakob Chychrun, Mikhail Sergachev et Olli Juolevi - les trois têtes d'affiche de leur position selon le consensus. Sinon meilleur!

Les 24 buts en 68 matchs inscrits par Bean dans l'uniforme des Hitmen de Calgary le placent dans une classe à part parmi les arrières de sa cuvée. Sa production primaire (on exclue la mention d'aide secondaire sur un but) surpasse d'ailleurs celle de tous ses homologues de la LCH. Un directeur général a parfaitement résumé ce qui fait son pain et son beurre. "Le sens du jeu de la LNH... Il l'a."  

Deux matchs de Jake Bean ont été passés sous la loupe. Le premier date de la saison 2014-2015, soit son année de 16 ans. Le deuxième a été disputé durant son année d'admissibilité. 

Sa forte activité dans les trois zones a fait la démonstration de quelques uns de ses #99Skills.   

AMÉLIORER SES ANGLES 

Erik Karlsson est l'un des meilleurs du circuit pour se bricoler un corridor lorsqu'il est pris en étau. À la pointe de la zone offensive, Jake Bean semble lui aussi avoir le chic pour améliorer ses angles de tirs, de sorte qu'ils traversent le premier rideau défensif. Ainsi, même si le lancer n'est pas cadré, il peut peut rebondir aux abords de l'enclave ou permettre une seconde possession.

Que ce soit en changeant l'arc de son bâton, en exécutant un pas latéral, ou encore en égarant son couvreur d'un spinorama, Bean est parvenu à se créer plusieurs lignes de tirs (ou de passe). Durant le deuxième match analysé, il a dirigé 14 lancers vers le filet, ce qui serait hallucinant même pour un attaquant vedette du circuit. 



BON CHOIX DE PASSES

Bean a orchestré les sorties de territoire de façon organisée et efficace. Il est revenu sur ses pas quand il n'aimait pas ce qu'il voyait, il s'est déplacé pour étirer la couverture. Il a attendu la seconde supplémentaire pour qu'un coéquipier se libère et a souvent flairé l'option à haut pourcentage de réussite. Lorsqu'il avait peu de temps de réaction, il s'est sorti d'impasse car il était conscient du positionnement de ses joueurs.



De l'année de ses 16 ans à sa campagne d'admissibilité, il a pris ses aises et commencé à patiner davantage en possession du disque. Le 15 janvier 2015, face aux Thunderbirds, il n'a quitté le territoire que quatre fois en patinant avec la rondelle, et n'a réalisé qu'une entrée de zone. Nette amélioration huit mois plus tard, alors qu'il a effectué huit entrées en zone adverse et sept sorties de territoire lors d'une joute face aux Rebels de Red Deer.


Si l'on combine les statistiques des deux matchs, celui qu'on surnomme Beanpole a participé à 36 sorties de zones et 10 entrées de territoire - c'est-à-dire qu'il a complété une passe sur une séquence menant à une sortie ou une entrée de zone, ou il a patiné lui-même avec la rondelle. Il a aussi tenté un total de 78 passes, toutes zones confondues, affichant un taux de réussite de 78% sur celles-ci.



FORCE PHYSIQUE

Les analystes et recruteurs lancent souvent sans trop réfléchir qu'un espoir devra grossir avant d'atteindre la Ligue nationale, car il ne pourra se faire valoir avec sa petite taille. Mais ils omettent de mentionner de quelle façon leur silhouette menue les désavantage sur la patinoire.

Bean semble pour sa part manquer de force physique dans le haut du corps: il est vulnérable le long des rampes et perdra trop facilement une bagarre pour une rondelle libre alors qu'il avait pourtant deux secondes d'avance pour aller la récupérer. Aussi, il peinera à couvrir un attaquant plus imposant devant le filet. Heureusement, il s'agit d'une faiblesse pouvant être corrigée dans les gymnases. La compréhension du jeu dont il fait montre, elle, ne peut être apprise par ses rivaux.